Cet article revient sur ce qu’on a coutume d’appeler l’augustinisme linguistique, qui consiste en la critique, livrée par Wittgenstein dans les Investigations philosophiques, d’un texte extrait du livre I des Confessions dans lequel Augustin décrit l’apprentissage du langage par le petit enfant. Nous donnons d’abord une explication de ce en quoi consiste véritablement la critique wittgensteinienne, qui est en fait principalement une critique de la théorie de l’illumination intérieure de l’esprit par la vérité. Puis, afin de comprendre pourquoi Augustin est (...) loin de mépriser l’importance de l’usage de la langue, nous proposons une relecture de l’idée du maître intérieur, en réfléchissant notamment à ce que signifie le retour à l’intériorité et au rôle de la confession. (shrink)

Comment penser l’amitié sans recourir à une affirmation politique ou théologique? Nous montrons d’abord la reprise chrétienne et la transformation de l’amitié, telle que la concevait l’Antiquité, à partir de la réinterprétation augustinienne des textes de Cicéron. Puis nous proposons de réfléchir à cette nouvelle conception de l’amitié, en nous appuyant sur les textes de Jacques Derrida, qui cherche à établir la possibilité d’une amitié d’« avant les amitiés », fondée sur aucune fraternité. Pour Derrida, une telle amitié est rendue (...) possible par le langage, qui se pense d’abord comme hospitalité. Nous reprenons enfin la lecture des textes d’Augustin, pour montrer leur convergence avec cette nouvelle définition de l’amitié, en éclairant le rôle qu’y joue la confessio. (shrink)

Nous proposons ici une analyse de la théorie augustinienne du verbe intérieur. Augustin a développé deux modèles cognitifs, l’illumination et le verbe intérieur mais il n’a pas mis ainsi en place deux théories du verbe, une de la réception et une de la communication. Le verbe intérieur augustinien est l’injonction qu’on se fait à soi-même de vivre selon la vérité. Dans cette théorie, le désir prime sur la vérité et l’engendre. Mais cet engendrement n’est possible que dans le temps, de (...) sorte que l’espérance qu’on a d’atteindre un jour la pleine vérité ne nécessite pas seulement le désir, mais aussi le détour par la signification dont le support premier, étant donnée notre condition temporelle, est l’affectivité, sous la forme de l’espérance. (shrink)